mardi 14 février 2012

Une salle de classe mondiale?

Est-ce que l’enseignement par vidéo réinvente l’éducation? Pour ma part, je ne pense pas que cela réinvente nécessairement l’éducation, mais ça permet clairement de révolutionner notre modèle d’enseignement traditionnel. En bref, cela permet de faire entrer l’enseignement dans l’ère des nouvelles technologies!

À la base, si quelqu’un m’avait parlé d’une classe dans laquelle tous les élèves avaient leur ordinateur portable et apprenaient individuellement, j’aurais probablement trouvé cela un peu étrange et même assez froid. Je me serais dit que le lien élève-enseignant devait probablement souffrir de ce type d’enseignement. Toutefois, après avoir vu la présentation du concepteur Salman Khan sur l’enseignement par vidéo, j’ai été totalement ébahie et charmée par le projet!

En tant qu’enseignante, beaucoup de choses m’ont étonnée, plues et interpellée dans sa conférence. Voici un résumé des points forts…

1)    Une fois ces vidéos faites, plus besoin de les recommencer. L’enseignante n’a donc pas, chaque année, à refaire sa planification pour l’enseignement d’une notion, pour les exercices à faire, etc. En effet, toutes les vidéos sont sur le site et peuvent être revues et réutilisées année après année. On sauve donc beaucoup de temps en préparation, qu’on peut utiliser à développer des projets spéciaux pour nos élèves. Aussi, on économise au niveau de l’utilisation de papier, photocopies, etc. Il y a donc moins de gaspillage de papier, ce qui est plus écologique.

2)    L’enseignement par vidéo permet aussi aux élèves d’arrêter la vidéo en faisant « pause », de revenir en arrière, de réécouter certains passages et d’avancer à leur rythme. Cela favorise leur autonomie et ça permet aussi aux élèves plus gênés de pouvoir revenir sur la notion, réécouter certains passages et donc pouvoir véritablement comprendre la notion. En effet, si un élève ne comprend toujours pas après avoir vu la vidéo et discuté avec ses camarades, il peut poser des questions à l’enseignante sans que cela interrompe le cours et que tous les autres aient à attendre après lui pour continuer leurs apprentissages.


3)    Si à première vue on pense que l’enseignement par vidéo, qui consiste à laisser chaque élève apprendre à son rythme devant son ordinateur en classe, déshumanise la classe, on a totalement tord. Salman Khan nous fait véritablement voir cela sous un autre jour. En effet, pour lui, un enseignement déshumanisé revient à laisser un enseignant parler devant sa classe pendant que ses 30 élèves ne font qu’écouter sans discuter. Vu sous cet angle, je suis entièrement daccord avec lui!

En effet, selon monsieur Khan, la technologie a l’avantage de permettre d’humaniser la classe en favorisant les échanges. En leur faisant regarder des tutoriels en classe, cela permet à l’enseignant de se promener et d’aller questionner les élèves. De plus, cela permet aux élèves de faire « pause » et d’interagir avec leurs camarades sur la notion étudiée, de se poser des questions, de tester et d’utiliser les stratégies qui leur conviennent pour apprendre. Il s’agit donc d’un projet prônant l’apprentissage par autorégulation, puisque l’utilisation de stratégies d’autorégulation par les élèves leur permettent de planifier leurs apprentissages, de pouvoir s’ajuster en cours de route, si besoin est, de contrôler ce qu’il réalise et bien évidemment d’autoévaluer l’atteinte de leurs objectifs (Cartier, 2010 : 52). La notion d’autorégulation est donc fondamentale.

4)    Un autre point fort important présenté par Salman Khan à rapport aux lacunes que les élèves trainent avec eux tout au long de leur cheminement scolaire. Selon M. Khan, lorsqu’on est en classe, on donne des devoirs, des exercices et des cours à nos élèves, et par la suite, on leur donne un examen pour vérifier leurs apprentissages. La plupart du temps, ils le réussissent et on passe au prochain chapitre. Cependant, certains des élèves vont passer l’examen à 70%, d’autres à 80%, à 90% ou 95%. Donc bien que l’élève qui a eu 80% ait passé l’examen, il y a quand même 20% de réponses qu’il n’a pas réussies et donc probablement certains concepts qu'il n'a pas compris. Toutefois, comme on a un programme complet à enseigner et qu’on doit voir d’autres matières, on laisse ces élèves avec quelques lacunes par rapport à certains savoirs ce qui risque de leur nuire dans leurs futurs apprentissages. En effet, ces petites lacunes seront peut-être la raison pour laquelle ils ne comprendront pas un concept et échoueront un examen.

    Au contraire, les tutoriels et exercices vidéos peuvent permettre d'éviter ces situations. Comme les élèves doivent réussir 10 exercices de suite sur la même notion avant de passer à la notion suivante, ils seront plus à même de réussir l'examens et de trainer avec eux moins de lacunes! La devise de ce système d’apprentissage : Le faire autant que nécessaire, jusqu’à ce que ce soit totalement maitrisé. En effet, si le modèle traditionnel d’enseignement pénalise l’expérimentation et l’échec sans espérer la maîtrise totale de la notion, le système d’enseignement par vidéos et par exerciseurs encourage l’expérimentation et l’échec pour que l’élève finisse par maitriser totalement le savoir.


5)    Avantage très signifiant, ce système d’enseignement par vidéos et exerciseurs permet à l’enseignant d’avoir des traces de ce que ces élèves font. En effet, l’enseignant a accès à une banque de données et des graphiques très précis sur chacun de ses élèves par rapport à ce qu’ils font sur le site. L'enseignant peut voir le nombre de temps que l’élève a passé dans chaque module et même sur chaque problème. Il peut voir où l’élève a échoué, où il a regardé la vidéo d’explication, etc. En outre, l’enseignant peut voir qui a compris le concept, puisque lorsqu’un rectangle vert apparaît vis-à-vis de la notion cela signifie que l'élève a complété les exercices, lorsqu'un rectangle bleu appraraît cela signifie que l’élève travaille encore sur cette notion et lorsqu'un rectangle rouge apparaît cela signifie que l’élève est bloqué à cette notion.

6)    Aussi, l’enseignant peut utiliser la différenciation pédagogique afin de se concentrer sur les notions incomprises par certains élèves en allant les voir directement et en les aidant d'une manière différente des autres. Par exemple, en faisant coopérer un élève qui est en vert pour ce bloc d’enseignement avec un qui est en rouge. Il faut garder en tête qu’une « différenciation pédagogique efficace aide également les élèves à comprendre ce qu’ils doivent apprendre, à évaluer leurs propres progrès, et à exprimer clairement leurs forces, leurs difficultés et leurs intérêts liés à l’apprentissage. Le fait de commencer là où les élèves sont rendus, d’offrir des choix significatifs et de créer des possibilités pour les élèves afin qu’ils démontrent leurs intérêts et leurs habiletés permet de renforcer leur motivation, leur confiance en soi et leur volonté d’assumer leur responsabilité relativement à leur apprentissage. » (Ministère de l’éducation de l’Alberta)

Finalement, au-delà des avantages au niveau de l’autonomie, de l’autorégulation, de la différenciation pédagogique et du respect de l’environnement, l’enseignement par vidéo peut aussi être profitable aux adultes et aux enfants défavorisés des pays en voie de développement. En effet, ce type d’enseignement gratuit peut aider les adultes qui veulent faire un retour à l’école. Par exemple, d’anciens décrocheurs qui sont trop gênés de retourner au secondaire, des analphabètes trop humiliés de devoir revoir les notions du primaire, etc. De plus, cela peut aider les enfants de pays plus pauvres qui ont dû abandonner l’école pour subvenir aux besoins de leur famille. Effectivement, l’apprentissage par vidéo peut se faire gratuitement et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ces enfants peuvent donc aussi avoir accès à l’éducation en apprenant à leur rythme le soir ou pendant leurs moments de libre.
Site internet de la Khan Academy

Références :
Cartier, S.C. (2010). Aider à apprendre de manière autonome. Québec français, 157, 52-53
Ministère de l’éducation de l’Alberta, s.d. « Différenciation pédagogique : Introduction ». En ligne. 12 p. <http://education.alberta.ca/media/6346251/chap1.pdf>. Consulté le 11 février 2012.

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